L'Année du Dragon. Congo 1964 PREFACE DU BARON PATRICK NOTHOMB, CONSUL BELGE DE STANLEYVILLE EN 1964
J'ai eu l'honneur de pouvoir comptez, pour la version Française de mon livre ( "L'Année du Dragon. Congo 1964" ) sur la collaboration de quelque éminentes personnes. Une de ces personnes est le baron Patrick Nothomb. Je suis fière de sa collaboration et je veux partager cette fierté avec les lecteurs de mon livres, mais aussi avec vous, visiteur de mon site. Eddy Hoedt, auteur.
Je tiens à remercier chaleureusement Eddy Hoedt d'avoir entrepris l'écriture de son excellent livre : « Het Jaar van de Draak », et d'y avoir décrit les innombrables facettes d'une page humanitairement et humainement émouvante, et militairement glorieuse, de l'histoire de la Belgique. Quel bonheur que la traduction française réalisée par Baudouin Peeters de ce remarquable document paraisse au moment où nous célèbrons le cinquantième anniversaire de cette épopée ! Nous le devons à l'indomptable dynamisme de Charles Blanchart, gérant des Editions Masoin. Il ne fait aucun doute que l'opération combinée des parachutistes belges et de la colonne Vandewalle en vue de libérer les milliers d'otages européens, américains, asiatiques et africains prisonniers des Simbas, fut menée de façon remarquable. D'une part, les très jeunes paras belges –membres du contingent faisant à ce moment leur service militaire– dirigés par le Colonel Laurent et encadrés par une poignée de gradés d'active, et largués d'avions pilotés par des militaires américains, exécutèrent parfaitement leur mission à Stanleyville, le 24 novembre 1964 (Dragon Rouge), y libérant la toute grande majorité des otages dont, au moment du saut, ils ignoraient les lieux de détention dans une ville inconnue ; et qui accomplirent un exploit plus extraordinaire encore le 26 nombre à Paulis (Dragon Noir) y sauvant les otages d'une mort certaine : les Simbas locaux y venaient d'apprendre ce qui s'était passé deux jours auparavant à Stanleyville et ils avaient déjà entamés le massacre systématique des étrangers qu'ils tenaient en leurs mains. Tout aussi remarquable fut l'action de la colonne dirigée par le Colonel Vandewalle, colonne composée de militaires belges et congolais et de mercenaires de diverses nationalités, qui effectua par voie de terre une percée de 700 kilomètres en trois semaines, libérant au passage de très nombreux otages, pour atteindre Stanleyville le 24 novembre au matin, quelques heures après les parachutistes, à temps pour occuper la capitale rebelle et permettre aux otages de rejoindre l'aéroport en vue de leur évacuation. Les membres de cette colonne restèrent plusieurs mois dans l'Est et le Nord-Est du Congo, en assurant la pacification et en sauvant des centaines d'otages retenus dans des petites villes et villages isolés, et dont le cauchemar fut beaucoup plus long que celui de leurs compagnons de misère de Stanleyville et de de Paulis. L'“Année du Dragon” relate avec un grand luxe de détails les nombreux contacts diplomatiques entrepris par le gouvernement belge, avec les dirigeants américains, et ce dès le mois d'août 1964, en vue d'obtenir le salut des otages. Enfermés dans la zone rebelle dont les Simbas avaient quasi-complètement coupé les moyens de communications avec le reste du monde, –ce qui les mit, autant que nous, dans l'ignorance presque totale de la situation prévalant hors des territoires qu'ils avaient conquis (jusqu'à 64 % du gigantesque Congo!)– nous les otages n'avions aucune connaissance de ces contacts. C'est ainsi que la lecture de l'“Année du Dragon” m'a personnellement appris à propos de ceux-ci d'innombrables éléments dont, cinquante ans après, j'ignorais encore l'existence... Il est vrai que l'histoire des événements de 1964 au Congo n'avait pas encore fait l'objet d'une étude historique en profondeur. Eddy Hoedt a donc contribué largement à combler une étonnante lacune ! La lecture de son livre m'a permis de réaliser tout le détail des efforts et démarches entrepris, dès août 1964, par Paul-Henri Spaak, alors ministre des Affaires étrangères, pour venir à notre secours. Ceux qui n'ont pas connu les événements congolais de 1960 et les condamnations internationales dont fut victime notre pays cette année-là, ne peuvent mesure l'étendue du courage politique qu'il fallait à un ministre belge pour entreprendre au Congo une opération incontestablement humanitaire quatre ans plus tard seulement... Merci donc à Paul-Henri Spaak, à son chef de cabinet Etienne Davignon, aux Ambassadeurs belge Charles de Kerchove de Denterghem et américain Godley à Léopoldville, à notre conseiller politique au Congo Alfred Cahen et à tous ceux qui ne ménagèrent aucun effort pour assurer notre salut ! Merci également au Premier ministre Théo Lefèvre, qui partagea avec Paul-Henri Spaak, la responsabilité politiques opérations de sauvetage des otages et à qui l'on doit (et c'est là un élément capital que m'a fait connaître le livre d'Eddy Hoedt !), grâce à son inébranlable volonté, le maintien de la superbe opération parachutiste “Dragon Noir” qui sauva tant d'otages d'une exécution certaine ! Merci aussi aux paras et aux membres de la colonne Vandewalle, avec une pensée émue pour ceux d'entre eux qui perdirent la vie au cours de leurs opérations. Je ne voudrais pas terminer cette préface sans rendre hommage au courage des milliers d'otages belges et étrangers, civils et religieux, qui vécurent dignement ces événements tragiques, et aux centaine d'entre eux qui y perdirent la vie. Je voudrais enfin souligner que le calvaire incontestable vécu par les otages s'avéra sans le moindre doute moins atroce que celui auquel durent faire face les populations congolaises des territoires occupés hostiles aux rebelles, te qui furent tout au long de ces mois tragiques, victimes de massacres perpétrés sans la moindre discrimination. Je tiens à saluer leur courage et leur mémoire. Tous ces drames justifient pleinement “Dragon Rouge”, “Dragon Noir” et la Colonne Vandewalle.